Extrémité du sondage vers l'entrée de la mairie.
Extrémité du sondage vers la rue de Bretagne.
Interprétation des
couches :
1001
: sol apparemment naturel [couche de grès armoricain stable]
1002
: sol apparemment naturel [plaquettes de grès armoricain tassées
liées par de l'argile
grise assez claire, stérile]
1003
: premières traces d'occupation diluées [plaquettes
et blocs de
grès armoricain tassés
; liant noirâtre argilo humique avec parcelles de
charbon de bois et de céramique
pourrie ; un tesson savonneux orange inclus]
1004
: mur (?) le plus ancien = MU4 [blocs d'arkose nettement
appareillés et argile
rouille locale (liant nettement plus rouille que MU1)]
1005
: couche d'occupation médiévale [terre humique contenant
un
tesson médiéval
rougeâtre, un peu de charbon, de l'argile ; gris assez clair]
1006
: couche de construction de MU1 ? [arkose et argile locale]
1007
: couche d'occupation ou d'abandon après récupération
de sol ou
dégradation de MU1
et MU2 [humus et cailloux]
1008
: identique à 1007 [un peu plus clair que 1007]
1009
: démolition du logis MU1 [blocs d'arkose de petite taille, sans
ordre et argile locale liant
de MU1]
1010
: sol de la lice [dallage grossier de grès ferrugineux usé
en surface ;
lié par de l'argile
rougeâtre]
1011
: épaisse couche d'occupation et d'abandon de la lice [couche noire
humique contenant des morceaux
de tuiles (sans toutefois former des lits) ;
ainsi que de la poterie
surtout concentrée au sommet de la
couche, au contact avec
MU3]
1012
: couche de démolition du rempart extérieur MU 3 [humus
très caillouteux
et traces de mortier]
1013
: couche d'abandon après la démolition du rempart extérieur,
comblement du fossé
[couche noirâtre humique, sableuse,
granulosité fine
(a pu être mise en culture)]
1014
: couche de démolition du rempart principal MU 2 et du mur du logis
MU1
[couche riche en argile,
arkose et cailloux, blocs impropres à une réutilisation :
matériaux provenant
des deux murs en lits alternés semi mélangés]
1015
: couche d'abandon après démolition des deux murs
[couche noire humique, granulométrie
fine comme 1013]
1016
: couche de nivellement [couche rougeâtre, sombre, avec des blocs]
1017
: couche de nivellement de 1014 [couche de même nature que 1014]
1018
: remblai de nivellement avant construction de la mairie
[humus et petits cailloux
tassés]
1019
: remblai consécutif à la construction de la mairie, comble
la
tranchée de fondation
[remblais de terre et gravats de construction, jaunâtre]
1020
: remblai non daté [humus et pierraille]
1021
: comblement de la tranchée de fondation de MU5 [humus et gravats]
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Les blocs 1004 : le mur MU 4.
Un rang de blocs
d'arkose est apparu sous le mur du logis, parallèlement à
la courtine MU 2. Il correspond vraisemblablement à la première
assise d'un mur détruit avant la construction du logis car il en
est séparé par une couche d'humus 1005. C'est donc la plus
ancienne structure observée, mais il a été impossible
de l'interpréter en raison de l'exiguïté du sondage.
Le mur MU 5 dans le square
Une construction
frustre, correspondant sans doute à une construction en tranchée,
a été observée à l'extrémité
ouest du sondage, sous la pelouse du square.
A l'observation de la stratigraphie
nord-est, cette structure apparaît nettement postérieure à
la destruction de la braie, et pourrait donc dater du XIX ème s.
Conclusions
Du nouveau sur le château
Les structures
Grâce aux
plans anciens, nous avons pu interpréter assez facilement les vestiges
découverts en fouille, surtout les deux murs d'enceinte et probablement
l'extrémité du logis. Le sol de circulation entre les deux
gros murs, désigné "fausses braies" sur le plan de L. Hedin
a été mis en évidence à l'altitude 132,80 m,
soit 3,80 m sous le perron de la mairie. Le fond du fossé n'a pas
été recherché faute de temps, mais il peut difficilement
être inférieur à 131,75 m (niveau le plus bas du fond
actuel de la rivière près de la tour couronnée). Les
sols du rez de chaussée de la grande salle n'ont pas été
retrouvés à cause des destructions anciennes ou de la pelleteuse.
La chronologie
Il est tout d'abord
confirmé qu'il y a eu plusieurs phases de construction et de destruction
des bâtiments du château, au même endroit. Nous ne les
avons probablement pas toutes vues puisque nous ne sommes pas allés
jusqu'à la vase naturelle de la Briante. Rappelons qu'une vingtaine
d'ébauches de meules romaines ont été trouvées
dans cette vase en 1882, à quelques dizaines de mètres, sous
l'annexe de la mairie, face à la Caisse d'Épargne, montrant
une occupation des lieux encore plus ancienne.
Dans la partie fouillée
en 1990 :
- les quelques blocs désignés
MU 4 ont été posés les premiers, probablement entre
le XI ème et le XIII ème s.
- après une phase
d'abandon d'une durée indéterminée, ils ont été
recouverts par la construction du logis (MU 1). Le mur côté
rue de Bretagne de ce bâtiment formait peut-être déjà
la limite défensive du château.
- puis dès avant
1431 (date de réparation) cette limite prend la forme de deux solides
murailles montées à la chaux, en intégrant le mur
ancien du logis. Il est alors fort probable qu'il y ait eu conjointement
un net rehaussement du sol de la haute cour (?).
- au XVI ème s.,
la lice déjà envahie par la végétation (épaisse
couche d'humus), sert de dépotoir. Les déchets pouvaient
être jetés directement par les fenêtres des cuisines
qui donnaient sur la Lice. Nous y trouverons quantité de débris
de vaisselle domestique : pichets, coquemars, vases à provisions,
écuelles, couvercles ; ce sont soit des grès du Domfrontais
reconnaissables à leur couleur grise, soit des productions locales,
riches en micas, et fréquemment garnis d'une couverte (émaillage)
vert à vert jaune, à l'intérieur ou à l'extérieur
du vase. François Fichet de Clairefontaine a emporté les
4 - 5 kg de céramique le jour même de la découverte,
pour qu'ils soient étudiés au Centre de Recherches Archéologiques
Médiévales de Caen. Il était convenu qu'ils
reviendraient au Musée d'Alençon. A ce jour, ils n'y sont
pas. Je n'ai pas cherché à en savoir plus et personne ne
m'a communiqué de résultats d'une quelconque étude.
- vers 1780, les murailles
sont définitivement abattues. La démolition semble en fait
s'être étalée sur une longue durée avant la
construction de la mairie en 1787 :
1) destruction du mur extérieur
(son élévation n'apparaît sur aucune gravure du XVIII
ème s. ;
2) comblement du fossé
et phase d'abandon ;
3) démolition du
rempart principal et des restes du logis ;
4) nivellement et apport
de terre pour créer la place.
Évaluation du risque archéologique sous
la place Foch
Les fouilles ont
montré que les restes du château sont assez bien conservés
sous la place : la muraille principale est encore haute de 2,70 m et apparaît,
ici, dès 1 m de profondeur. Les blocs d'arkose et de granit dont
elle est formée pourraient parfaitement être remis au jour
car ils ne sont pas gélifs. Ils n'ont pas été
volés jusqu'à la base des fondations.
Les plans anciens nous démontrent
que de telles structures doivent exister un peu partout sous la place,
mais il faut considérer ces documents avec prudence : ils sont certainement
incomplets car ils nous présentent surtout le dernier état
du château. Ils peuvent comporter des erreurs de plusieurs mètres.
Des fouilles préventives
me paraissent donc indispensables avant tout aménagement provoquant
un creusement supérieur à 50 cm de profondeur.
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